30 août 2017

2017 Cornouailles #5 : traversée retour de la France

Cherbourg - Grenoble. Au début c'est la satisfaction de retrouver tous ses repères, de tout comprendre... Puis une espèce de sourde lassitude s'installe, que la morne traversée d'une partie de la Beauce n'aidera pas à évacuer. Les bords de la Loire font revenir le sourire et la chaleur.
 

Jour 36
Levé très tôt à Bournemouth pour rejoindre Poole, 12 petits kilomètres, avec la crainte d'avoir fait une erreur avec le changement d'heure. Pendant l'attente sur le parking, je fais connaissance avec une famille de cyclistes de Nantes. On passera toute la traversée ensemble. A partir de Cherbourg, c'est plein Sud à travers les collines du Cotentin. Un peu par hasard je tombe sur la vélo-route 4, le long des plages du débarquement. Quand il est temps de bivouaquer, il n'y a aucun village où je puisse trouver de l'eau, tout juste des hameaux avec quelques maisons. Dans l'un d'eux, je demande à deux dames où je pourrais trouver une fontaine... ne doutant pas un instant qu'on allait me proposer le robinet de la maison. Et bien pas du tout. J'ai dû pleurnicher pour qu'on me cède 5 litres, en m'entendant dire que ça faisait quand même beaucoup.



Le ferry que j'ai pris hier.

Dernier paysage de l'Angleterre

Cherbourg







Jours 37 à 41
Les jours se suivent... les paysages varient peu... ou bien je n'y suis pas assez sensible... Dans mon esprit je suis déjà presque rentré. Grosse erreur : il s'agit quand même de traverser la France en diagonale, et il faut quatre grosses journées de pédalage sans ménager sa peine pour aller seulement à Orléans. Je n'en vois pas la fin, il y a des conséquences sur le moral. Du coup je me calme, je décide de profiter de chaque instant... et tout rentre dans l'ordre. Les derniers 70 km avant Orléans, le sud de la Beauce, sont assez éprouvants : uniformes, monotones, météo décourageante. Heureusement le bord de Loire, où le soleil me rejoint, rattrape tout.
Après ces 4 nuits dans les champs, je décide d'un camping. Les prévisions météo sont abominables pour le lendemain. Je vais voir le gérant pour envisager une location dans un mobil home ou autre, il me propose une vieille caravane inoccupée contre... un café ! J'y passerai 2 nuits, et une journée allongée à lire et à répondre au courrier, à envoyer des messages de remerciement aux hôtes warmshowers, à faire la sieste... en écoutant la pluie sur le toit de la caravane !


environs de Carentan


ancien canal de Vire


la Vire



Saint-Patrice-du-Désert. Une halte pour cyclistes comme jamais vu : eau, électricité, abri, champ pour camper... la classe ! Le long de la Vélodyssée, de Paris au Mont-Saint-Michel


la remorque ultime : je m'interroge sur la pertinence d'une tente montée sur une remorque de 20 kg...

le long d'une longue voie verte, après Alençon




Aïe, je suis allé trop loin ce soir : plus de collines, plus de forêt, c'est le début de la Beauce. Je ne trouve qu'un petit coin caché le long du TGV. Pas si mal, il n'y a pas de TGV la nuit.



Interminable !


Euro-Vélo n°6





Jour 42
Le beau temps revenu, c'est parti sur l'Euro-Vélo 6. Je m'attendais à plus de monde. L'itinéraire qui longe la Loire est agréable. Quand il s'en éloigne, pour de mystérieuses raisons, c'est moins glamour. A Cosnes-sur-Loire, je quitte l'itinéraire pour filer plein Est. Je campe une vingtaine de kilomètres plus loin.



Sully-sur-Loire






Jours 43 et 44
Sans doute la journée la plus terrible. Je rejoins le canal de Nivernais à Clamecy. J'y suis déjà passé. Comme d'habitude, pédaler le long d'un canal permet de relâcher un peu. Mais pas longtemps, je quitte les bords de l'eau ombragés à Corbigny, où on avait fait les courses avec les z'amis en 2012. Commence alors l'ascension des collines du Morvan. J'ai eu les yeux plus gros que le ventre, je suis exténué. Je décide de m'arrêter dans un camping, au bord du lac de Pannecière. Mauvaise idée. Les bruyantes conversations de pêcheurs alcooliques se justifiant de toujours rentrer bredouilles ont duré jusqu'à la fin des packs de bière.
Le lendemain, passage obligé et imprévu par Chateau-Chinon, parce qu'il n'y a pas la moindre épicerie dans ces villages. Je contourne Autun par le Nord, finalement les paysages valent le coup. Je passe à quelques kilomètres d'Anost, le lendemain du soir de clôture du célèbre (mais oui !) festival de vielle à roue. Loupé ! Dans ces jolies collines pas loin de Beaune, je trouve le coin de bivouac le plus chouette du voyage.


canal du Nivernais











Jour 45
Ça sent la maison ! Après une belle descente, sur un pont au-dessus d'un beau canal, je vois un cyclo qui plie sa tente. Et je me rends compte que je suis de nouveau sur l'Euro-Vélo 6. Je me demande - mais pas trop longtemps, de toutes façons c'est trop tard - si je n'aurais pas mieux fait de la suivre au lieu de couper à travers le Morvan. Du coup je continue sur ce canal jusqu'à Châlons-sur-Saône, où j'attrape la voie verte de Bourgogne, où j'ai déjà roulé, dans l'autre sens. A la gare de Cluny, assommé par la chaleur sur le quai de l'ancienne gare, une crème glacée dans une main un coca dans l'autre, je discute un moment avec une famille de Grenoblois. Le papa a un Bullit (un vélo-cargo) lourdement chargé. Bravo, ça monte un peu fort depuis Mâcon. Le retour dans la circulation péri-urbaine est douloureux. Quelques portières de voitures doivent encore avoir la marque de mes chaussures. Je traverse la Saône : je suis du bon côté du fleuve maintenant.

canal du Centre

voie verte de Bourgogne


la Saône



Jour 46
Je me réjouissais de traverser les Dombes, je m'étais imaginé une petite Camargue. La déception fut grande : des étangs invisibles derrière de grandes haies, enfermés par des clôtures, parfois comblés par la végétation. La traversée de la plaine de l'Ain est plus que pénible : ce ne sont que des routes à camions, impossibles à éviter. Le calvaire prend fin sur la Via Rhôna. Le Rhône est beau, mais il pue... la station d'épuration. Je trouve de l'eau (et un coca) à l'office du tourisme de la base de loisirs de la Vallée bleue. Un endroit bien insolite : des plages où il est interdit de se baigner (pour ça il y a la piscine payante) face à de gigantesques cimenteries ! Et pour la dernière nuit, camping à Morestel, où ne se retrouvent que des cyclos. L'ambiance est sympa.



le Rhône



Jour 47, le dernier
Quelques kilomètres après Morestel, je rencontre un autre cyclo, Josselin, qui n'en est qu'au début de son voyage. Il va à Grenoble ce soir. On s'entend bien, on décide de passer la journée ensemble. Les montagnes si bien connues se rapprochent. A cause d'une route fermée, on termine en beauté par une superbe montée à Saint-Julien-de-Raz. On n'est pas petits joueurs. Puis c'est la voie verte de l'Isère et... la maison.