28 octobre 2013

2013 Toussaint : Préalpes

Et voilà, ça devait arriver ! Personne n'est disponible pour faire un petit tour pendant les vacances de Toussaint. Renoncer ?... ou partir seul, et du coup, plus longtemps ?
C'est parti pour 6 jours. Les prévisions météo ne sont pas si mauvaises... mais pas si bonnes non plus. On verra bien...



Départ de Digne assez tôt le matin dès le premier jour de vacances. Routes connues. Sisteron, Ribiers, gorges de la Méouge, toujours éclatantes avec ces couleurs d'automne. Arrivée à Séderon, première étape prévue. Le coin de bivouac connu est envahi par les ronces. Tant mieux, pour le premier campement solo, j'avais envie de nouveau. Je remplis les poches à eau pour le soir. Le coin de rêve est trouvé en moins de 2 km. Montage de la tente,... je laisse tout sur place et je redescends au village acheter du tabac (je sais, c'est pas bien...) Le premier bivouac seul ET la première soirée sans tabac, ça faisait trop. La nuit passe, rythmée par les visites des sangliers.



A peine passé la tête par l'ouverture de la tente, le constat s'impose : chaque minute sans pluie sera une minute de gagnée. Il ne pleuvra qu'à l'arrivée à l'étape, à Bédouin, vers 14h.
Pliage et rangement rapide, petit déjeuner. Le début est difficile : col de Macuègne (1068m) et col de l'Homme Mort (1211m). Fait pas chaud à ces altitudes, même avec un fort vent du sud. Descente dans la "Sibérie provençale", le plateau de Sault, pour la pause ravitaillement. Ah ah, la supérette est fermée, bonne blague. 30 km de descente par les gorges de la Nesque, un pur régal. Arrivé à Villes-sur-Auzon, direction plein Nord, vent dans le dos. Mais un rideau de pluie énorme barre l'horizon. Au moment où je descends du vélo pour le café, à Bédouin, un énorme orage s'abat. Il durera jusqu'au milieu de la nuit. J'ai été faible : je suis allé à l'hôtel.


C'est cool l'hôtel, on dort vraiment bien ! Ça tombe bien, l'étape va être plutôt longue... Malaucène, Vaison-la-Romaine, Nyons, picnic à Rousset-les-Vignes, où on était passé, dans l'autre sens, avec Guillaume et Manon en 2012. Souvenirs... Remontée jusqu'à Dieulefit, puis la route devient vraiment jolie jusqu'à Bourdeaux... mais ça monte ! col de Ventebrun (638 m) puis col de Boutière (654 m). Sur ma droite je vois le col de la Chaudière, par lequel j'avais envisagé de passer pour retomber dans la vallée de la Drôme. Mais il est trop tard, la nuit tombe trop tôt maintenant (et ainsi j'évite de me demander si je suis capable de le passer avec 80 km dans les jambes). Par une toute petite route je vise Aouste-sur-Sye. Oh les affreux cartographes : sur la carte c'est goudronné, en réalité il y a 3 km de piste caillouteuse. C'est impressionnant ce qu'on peut dire de gros mots pendant qu'on pousse-tire un vélo et sa remorque chargés dans une montée.
Il est plus que l'heure de trouver à camper, mais la vallée est bien urbanisée. Hop ! juste au dernier moment, petit coin bien orienté. Rêverie en regardant les étoiles après le repas... interrompue par le téléphone : c'est un hôte warmshowers que j'avais contacté il y a un certain temps, pour demain soir où la météo doit dégénérer, et où je dois dormir assez haut en altitude à Valdrôme. C'est OK. Ouf !


Lever au soleil... oui mais c'est la dernière fois, les prévisions météo pour la nuit prochaine et demain sont mauvaises. Remontée de la vallée de la Drôme, face à un vent puissant, mais tiède, c'est déjà ça. A Die je perds ma chasuble fluo avec sa tête de mort réfléchissante que j'avais cousue cet hiver. Ça m'irrite. En plus avec ce vent ça n'avance pas. Comme le gîte et le couvert sont prévus ce soir, entre 2 itinéraires je choisis le plus joli, et le plus montagneux, pour aller à Valdrôme. 3 cols de suite : col de Prémol (964 m), col du Fays (1051 m) et col de Rossas (1115m). Les villages que je traverse semblent écrasés par une invraisemblable solitude... ce que me démentira mon hôte de ce soir, en me décrivant une vie dynamique et une agriculture innovante. 
Valdrôme. Mais ce n'est pas la fin, l'étape est au bout d'une montée de la mort qui tue de 3 km. Nicolas m'attend au bout. Un grand merci à lui.
Peu de photos : je me suis mal débrouillé avec la batterie, elle est à plat, c'est dommage.


Il a plu toute la nuit, avec un fort vent, et j'étais bien au chaud. Ce matin est gris, mais il ne pleut pas. Direction Serres par le col de Carabès (1261m). A Serres, à midi, les magasins me ferment sous le nez. Il ne reste plus qu'une part de pizza dans la dernière boulangerie, et j'ai toutes les peines du monde à me faire servir un café au bar. Le début d'après-midi voit le retour de la pluie et des orages. Col de la Croix (838m) et col de Faye (922m) où il y a quelques années des élus haut-alpins rêvaient de voir passer une autoroute ! Je me fais chauffer un thé dans un abribus à Monêtier-Allemont, en attendant que les choses s'arrangent. De nouveau de la montée pour aller à la Motte-du-Caire.
Drôle d'ambiance : tout est fermé, même le bar. Les travailleurs saisonniers qui n'ont pas pu ramasser les pommes à cause des intempéries déambulent dans le village. Enfin une toute petite épicerie ouvre. Tout le monde se connaît. Au moment de repartir c'est la grosse pluie orageuse, qui durera jusqu'au milieu de la nuit. Je plante la tente cachée entre deux rangées de pommiers, sous des trombes d'eau. Soirée pourrie. Tout est humide.


Au petit matin tout est détrempé, mais le ciel est bleu au-dessus du brouillard. La tente pliée avec l'eau n'est plus du tout ultra-légère ! Discussion au bar où une jeune cavalière qui affectionne les bivouacs par tous les temps me raconte ses astuces : pas de tente, un sursac imperméable, une capuche et hop ! C'est tentant. La route est belle et déserte. Col de Sarraut (985m), Bellaffaire, Turriers, col des Garcinets (1250m), descente du col désagréable à cause de la route non entretenue. Sandwich-coca à Seyne-les-Alpes, où j'apprends que la route de Barles est fermée. Dommage, ça aurait été une belle conclusion. Fin des aventures à la dalle aux ammonites. C'est bien, 6 jours.