3 septembre 2021

Bourbonnais, Millevaches, Cantal

"Pourquoi Montluçon ?" J'ai bien du mal à répondre. D'abord vient le spontané "Et pourquoi pas ?", mais la raison est à aller chercher du côté de la géographie administrative : C'est une des gares de la Région Auvergne-Rhône-Alpes la plus éloignée de Grenoble, et avec une carte de réduction régionale... le calcul est vite fait. Et j'avais envie de découvrir le plateau de Millevaches, et de retourner au Puy Mary,... et de poser mes yeux sur des paysages nouveaux.

Jour 1 : Premier jour train. Il restera deux heures avant l'obscurité pour rejoindre le lieu du bivouac repéré sur la carte. Ce sera un peu juste, arrivée un peu nocturne. Une aire de pique-nique dans un petit village, un abri (qui se révèlera inutilisable pour s'y allonger), des tables et bancs. Pas si mal... sauf que c'est au bord d'une rivière, le Cher, et que tout le monde sait qu'il ne faut pas bivouaquer au bord des rivières. Il y fait vraiment froid, alors que quelques centaines de mètres avant, la température serait restée confortable toute la nuit... C'est à Chambonchard. 37km





 

Lever 4h, départ 4h30, le temps de tout plier dans le noir. Nuit glaciale. 3h et demi de pédalage dans le noir. Ma lumière a beau être puissante, chaque fois que je passe le dernier lampadaire d'un village, la plongée dans le noir est inquiétante au début, ça doit réveiller des peurs ancestrales. Bref, rien d'ouvert pendant 70km, jusqu'à 10h. À Aubusson (oui les tapis 😄) je commence avec un premier café et plein de viennoiseries, avec l'idée de prendre du temps pour donner des nouvelles et répondre aux messages, mais l'employé de la boulangerie est manifestement en train de faire une décompensation psychiatrique, mode "cage aux folles". C'est trop envahissant, je fuis. Devant le seul bar ouvert, aucun point fixe pour attacher le vélo. Je fais mes courses de midi et je repars, heureusement par une jolie petite route.
Premier village 30 km de grisaille plus loin. Rien, pas de réseau. C'est le plateau de Millevaches. Repas dans le vent froid (mais il me pousse), toujours pas de second café pour me réchauffer. Cela dit c'est magnifique.
Et je trouve du réseau à Meymac, à presque 16h, mais toujours pas de bar... Je rejoins Ussel, où manifestement personne n'a jamais vu de vélo, (et donc où personne ne sait ce qu'est une distance de sécurité) et direction Neuvic.
J'y mange sur les marches de l'église. Les rues du village complètement désertes, pas un bruit. Bon, au bout de 20 minutes,  il y en a 3 qui sont venus se planter à 10 mètres de moi, et qui ont commencé une discussion véhémente "pour ou contre la vaccination". Forcément dans ce silence, bien obligé de tout entendre... un moment bien pénible !
J'ai trouvé un champ pas trop mal, bien abrité du vent, et qui restera sec jusqu'à la fin de la nuit. J'ai été un peu embêté par un chevreuil, mais comme d'habitude Omar Souleyman m'a aidé à le chasser. Les chevreuils et les sangliers n'aiment pas Omar Souleyman. 174 km







Une meilleure nuit que la précédente, mais peut-être pas assez. Réveil 5h30, départ 6h. À 8h, après 25km et une crevaison, cafés à Mauriac, dans un vrai bar avec un patron aimable et courtois. La journée commence bien. Ensuite Salers. C'est très beau, mais très touristique. Encore un café. Et c'est la montée au Puy Mary qui commence. Un régal pour les yeux. Même pas difficile... sauf le dernier kilomètre, un bon 14%. Et au sommet, quelle vue ! J'y mange tranquillement sur un banc, face au paysage, en discutant avec un couple de retraités des Hautes Pyrénées vraiment sympathiques. Je suis contraint de décliner leur proposition d'un café, parce que je dois être à Brioude ce soir : j'ai réservé un lit dans un dortoir. Grosse et longue descente ensuite, un vrai régal. La traversée du plateau du Cézalier est un moment de grâce, avec survol de rapaces une dizaine de mètres au-dessus de ma tête (probablement des circaètes, j'ai regardé mon livre en rentrant).  Ce sera magnifique pratiquement jusqu'à la fin.
À Brioude, je vais vers l'établissement où j'ai réservé.  Quelle surprise ! C'est un lieu magique, vraiment accueillant. Un dortoir, oui, mais façon Poudlard. Du coup j'y mange aussi. 144 km

Je décide d'en rester là. J'avais été un peu ambitieux dans le kilométrage prévu par jour.