20 août 2016

2016 Rhône - Rhin - Danube #4 : Rhin, Jura et retour

Jour 25 (suite)
Après Donauschingen, je demande au gps de me faire un itinéraire direct jusqu'à Schaffhausen, en Suisse, pour retrouver l'euro-route 6, mais surtout pour tomber pile poil sur les Rheinfall, les célèbres chutes du Rhin, notre Niagara à nous. Je parcours des collines à travers bois et villages perdus, c'est magnifique, mais les descentes et surtout les montées sont terribles. Maintenant je sais ce que ça fait de monter du 21%. C'est dans ce genre de raidillon que j'ai passé le 2000e km.

En arrivant à Schaffhausen, pas besoin de chercher : comme la ville n'est pas trop bruyante (on est samedi aprèm), on n'entend que le bruit des chutes. Il est vrai que c'est impressionnant. Malgré un prix déraisonnable (on est en Suisse), j'achète encore un magnet pour ma collection. Il va falloir que je trouve un grand frigo.
Ce n'est pas tout ça, mais il est 19h et je ne sais pas encore où dormir. Repassée la frontière allemande, à 2km, je trouve tout de suite un petit bout de champ caché. Quand la nuit est déjà bien tombée, je vois 2 petites loupiotes arriver : 2 vélos-sacoches avec leurs cyclistes. "We are looking for a place to camp". Je préfère quand on est plusieurs. Par contre il est trop tard pour bavarder.



jouer à "saute-frontières"

les chutes du Rhin






Jour 26
Matinée "cape de pluie". Je suis le Rhin sur sa rive droite, donc au Nord, donc en Allemagne (le café est moins cher). Au loin au Sud je vois bien les Alpes enneigées... tant qu'il ne pleut pas. Vers midi je traverse le Rhin au confluent de l'Aare (Aare qu'on a traversé le 14 juillet à Interlaken, avec Florian et Régine, un jour de pluie également). Du coup je trouve -enfin- cette route 6 que je n'ai plus qu'à suivre. Et midi c'est aussi l'heure du retour des éclaircies.
Et 13h c'est le retour de la pluie ! ...qui ne s'arrêtera plus vraiment. Ce soir il faut que je trouve un abri couvert pour ne pas avoir à monter la tente. Sinon demain elle sera mouillée, et s'il pleut encore, impossible de la faire sécher. J'en étais là de mes réflexions, dans la dernière zone de forêt avant la grande banlieue de Bâle, quand je passe devant une cabane avec une grande avancée abritée, une fontaine (toilette et surtout lessive). Il est tôt (15h) mais j'ai déjà fait 85 km. Bref c'est le bon plan. La pluie redouble. Il y a déjà un couple de cyclo-voyageurs avec un bébé, mais ils repartent sous les intempéries.
Soirée tranquille. Juste des chasseurs qui tirent dans tous les coins à la tombée de la nuit quand on n'y voit plus rien, relayés par les feux d'artifice de la fête nationale.





Rhin



confluent de l'Aare et du Rhin







Jour 27
Levé avec le jour, presque rien à ranger puisque je n'ai pas eu besoin de monter la tente, et presque rien à manger. Du coup à 9h je suis à Bâle. J'y reste une bonne heure, parce que je veux aller à la gare attraper du wifi, mais il y a 2 gares, la suisse et l'allemande. Évidemment, je tombe sur la mauvaise.
Retour en France, ses pistes cyclables affligeantes, l'impression d'être inférieur aux autres parce que l'on n'est pas en voiture...! Heureusement on arrive vite sur le bord du canal du Rhône au Rhin.
J'arrive à Mulhouse vers 13h, mais je ne sais pas trop quoi faire dans ce centre-ville. J'ai perdu mon antivol, et toujours pas à manger. Je ne me souvenais plus qu'il n'y a pas de supermarché en centre-ville en France. Je mange un kebab énorme, puis je prends mon courage et hop ! Raid dans la banlieue, merci le gps, Décathlon, antivol et gaz (ça faisait 2 jours que je n'en avais plus). Ça va tout de suite mieux ! Retour au canal et à sa fabuleuse piste... que je quitte à Illfurth pour trouver un petit commerce. Et en plus maintenant j'ai à manger !
Je me retrouve sur ce canal que j'ai emprunté il y a 2 ans pile poil, à peu près à la même heure de la journée, même lumière. Et donc bien sûr je retrouve facilement l'endroit où j'avais bivouaqué, et même le village à 500m où il y avait de l'eau !



banlieue de Bâle

Bâle

Bâle

canal du Rhône au Rhin



Eglingen




Jour 28
Grr ! Le temps est tout gris. Je profite que par miracle la tente n'ait pas été mouillée par l'humidité de la nuit pour tout plier en urgence. La pluie arrive au moment où je pars. Déjeuner à l'abri dans la cabane en bois au bord du canal repérée il y a 2 ans déjà.
5 km plus loin, je vais dans un village, Dannemarie. À 9h00 les courses de la journée sont faites, j'ai trouvé du free wifi, il n'a plus l'air de vouloir pleuvoir, tout va bien. Je mets pas mal de temps à envoyer les messages parce que je suis interrompu plusieurs fois par des gens qui veulent faire la causette. C'est plutôt sympa. 10h30, il y a un chouette petit espace le long du canal toujours, avec des bancs, je suis "obligé" de m'arrêter sinon je vais arriver trop tôt à l'étape. Tant que j'y suis j'y reste manger.
Ensuite c'est un peu monotone : canal, pédalage, vent de face... Retour sur les routes ordinaires après Montbéliard, premières montées dans le Jura.
Arrivé à 16h30 au camping de St-Hyppolite, où là aussi j'avais dormi il y a 2 ans. Le temps est resté couvert toute la journée, sans pluie








le Doubs

Saint-Hippolyte


Jour 29
Départ tranquille de St-Hyppolite vers 9h30, après les courses de midi et le café wifi. La traversée du Jura dans le sens de la largeur, c'est sport : après la montée en altitude, pour aller en Suisse, il faut franchir la combe du Doubs, c'est à dire tout redescendre, traverser la rivière-frontière, et tout remonter. On ne parlera pas de ces quelques conducteurs -tous français- qui frôlent alors qu'il n'y a personne en face. Pique-nique dans la montée, traditionnel séchage de la tente (même si je sais que je n'en ai pas besoin ce soir). L'après-midi se passe un peu en mode "pilotage automatique". La fatigue du retour à la montagne se fait sentir. Je suis la ligne rose sur l'écran du gps, parfois je m'en écarte, le soleil tape dur. Col de la Vue des Alpes. Le temps est brumeux, on ne les voit pas bien, les Alpes. La descente sera longue, d'ailleurs il y aura pas mal de remontées. À 18h30 je suis -enfin- arrivé.


Saint-Hippolyte


Goumois






lac de Neuchâtel



Jour 30
On part à 2 (Régine m'accompagne jusqu'à Genève) à 11h30. Ce n'est pas qu'on s'est levé tard, mais il y avait plein de choses à faire avant de partir. Du coup on a pris le train du Val de Travers pour accélérer. À 14h on a fait... 3km ! Après ça monte dans le Jura, la plupart du temps par des petites routes paisibles. Col de l'Aiguillon. En redescendant sur Baulmes, dans un virage, on a une vue simultanée sur le lac de Neuchâtel et le Léman. Rarissime.
À peine Régine m'a-t-elle dit qu'elle s'arrêterait bien, on trouve une cabane. Ça devient une habitude, très pratique d'ailleurs. Je retourne chercher de l'eau, et voilà ! Ça tombe bien parce que la pluie pourrait bien tomber en fin de nuit, et nous on est bien à l'abri.


Fleurier








lac de Neuchâtel


Baulmes



Jour 31
Il a plu cette nuit, on était bien à l'abri dans la cabane. Mais dormir sur des tables étroites ne favorise pas un repos réparateur : dès qu'on bouge on manque de tomber ! Départ à 8h30, route vallonnée jusqu'à Vallorbe. Courses. Comme il commence à pleuvoir, on cherche un endroit abrité pour faire chauffer un café. On trouve sur le coté de la gare, avec un canapé ! On monte au lac de Joux par l'itinéraire vélo, une petite route non goudronnée, qui monte fort... et on arrive dans le Haut Jura. On est un coup en France, un coup en Suisse. Repas dans un abribus. À La Cure, on prend la route du lac Léman, et c'est une longue descente, avec une vue saisissante sur le lac Léman. Ensuite Régine connaît par cœur, on rejoint Genève par de toutes petites routes. 






lac de Joux







Jour 32
Départ à 7h30 de Genève. Régine part en même temps que moi, mais elle va... au travail ! La traversée de Genève est bien fléchée, mais on fait vraiment des tours et des détours. À cause de travaux je perds la Via Rhôna à la sortie de Genève. Beurk les zones industrielles ! On est en Suisse mais elles sont vilaines comme partout ailleurs.
Je retrouve l'itinéraire, qui me promène partout dans les montagnes, mais pas au bord du Rhône. Et le gps qui m'envoie sur une route en gravier, puis une qui n'existe pas. Bref, à 13h, à Seyssel (vraiment joli), je vois un panneau routier "Genève 41km", et moi j'en ai fait presque 75, avec un sacré dénivelé. Là j'abandonne définitivement l'idée d'aller jusqu'à Grenoble ce soir. Je me goinfre dans une boulangerie, pour le prix d'un café en Suisse, c'est bon d'être revenu dans le tiers monde ! J'explique à la boulangère la différence entre un double et un allongé. J'ai bien un allongé, j'ai oublié de lui dire que ça ne pouvait pas être le même prix que deux cafés.
L'après-midi, la Via Rhôna en Savoie et dans l'Ain est parfaite. Je la suis jusqu'à Bellay, courses, eau aimablement proposée par les dames de l'office du tourisme. Ensuite je repars dans les montagnes, plutôt les collines, pour des petites routes où les chances de trouver un coin de bivouac sont importantes. À 18h je me pose pour la dernière nuit du voyage. Un coin comme j'aime. Probabilité de rencontrer un humain : 0,001%. Probabilité d'être dérangé par des sangliers cette nuit : 80%. Je suis trop content de ne pas passer la dernière nuit dans un camping, même sympa.


Genève

le Rhône dans les environs de Collonges

Seyssel

Seyssel

Chanaz







Jour 33
Finalement, même pas de sangliers cette nuit. Il a fait vraiment froid, mais j'ai bien dormi. Dernier lever, dernier pliage de tente, dernier départ... bref, dernier jour... Je retrouve la Via Rhôna, superbe, qui m'amène à Morestel. À partir de maintenant, c'est plein sud. D'une hauteur, j'ai déjà aperçu au loin la Chartreuse, le Vercors, et la vallée entre les deux... Ça sent la maison !
À midi, je fais sécher la tente : c'est plus facile dans un champ que ce soir dans l'appartement. Au loin je vois l'arête de la Sure, en Chartreuse.
L'après-midi je suis la petite ligne rose du gps, que je recalcule plusieurs fois parce qu'elle ne passe pas toujours où je veux. Et à 16h30, j'arrive à la voie verte que je connais si bien. Plus qu'une heure. Musique en pédalant et... c'est fini !


au fond; la Chartreuse

le Porte de Groslée

le Rhône

après Les Abrets

on voit de mieux en mieux la Chartreuse

lac de Paladru

à gauche la Chartreuse, à droite le Vercors, entre les deux la maison


et voilà !