11 février 2022

En février, c'est camping !

L'hiver, il ne faut pas regarder des photos de voyageurs à vélo sur les réseaux sociaux. Ça donne des idées tout à  fait déraisonnables du genre à aller faire du camping au début du mois de février. Même si les prévisions météo excluent la moindre précipitation, le vent et les basses températures sont au rendez-vous..

 


 
  Jour 1

L'épreuve du vélo de voyage dans le train se passe plutôt bien cette fois. J'attends juste, à Valence, que les gendarmes qui patrouillent dans le passage souterrain s'éloignent un peu, c'est plus simple s'ils ne me voient pas monter l'escalator avec le vélo. Par nécessité, j'ai appris à maîtriser cette technique du vélo dans les escaliers mécaniques, mais eux ne le savent pas. Les autres voyageurs non plus, manifestement, qui me regardent avec des yeux effarés.

Dans la vallée du Rhône, je ne sens pas le vent : il me pousse, et fort. Sur un pont qui traverse le Rhône, je finis à pied sur le trottoir, à cause des rafales. La voie verte qui permet de monter à Privas permet d'éviter une route fort désagréable. Elle passe à côté de l'usine d'une marque célèbre de crème de marrons. Malheureusement, ce n'est pas le bon jour pour l'ouverture du magasin d'usine. Je reviendrai une prochaine fois y faire un raid...😄. L'itinéraire finit par une montée indulgente jusqu'au col. En haut, l'ambiance devient rude : vent, froid, solitude. Pas si facile de trouver un bivouac caché, plat, face au sud et... abrité du vent. Je monte la tente au soleil, face au Mont Ventoux, au loin. C'est un transformateur électrique qui fait écran au vent. Pas romantique, mais efficace. Le vent fait gronder les branches des arbres, siffler les fils électriques, et l'éolienne toute proche fait un bruit sourd et régulier un peu surnaturel. Tout ça en même temps.

 







 Jour 2

La nuit fut froide, enfin... glaciale. Ce n'est pas tant la nuit, où j'étais bien emmitouflé, que le repas du soir, et surtout le lever, où il faisait -4°, sous un soleil radieux. Frigorifié, mais heureux, surtout que j'avais trouvé le courage de faire un café.

 

 

Ensuite, c'est soit de la descente, soit du vent dans le dos. J'ai fait semblant de tourner les jambes pour avoir l'air crédible, mais il n'y en avait pas souvent besoin. Une belle voie verte presque tout le temps, avec un tunnel éclairé avec élégance. Comme hier, en traversant certains villages, j'entends des bruits de cour d'école. Ça finit par me faire sourire. Courses à Ruom, repas à Vallon-Pont d'Arc, et café. En février, toutes ces zones touristiques sont désertes, la majorité des commerces fermés, quelques personnes dans les rues, visiblement pressées de retourner se mettre à l'abri du vent au chaud. C'est très étrange.





Après le Pont d'Arc, c'est une fameuse montée de 3km à 10%, sans répit. C'est du belvédère en haut que j'écris, au soleil. C'est le point le plus au sud du parcours. À partir de maintenant, c'est face au mistral. C'est peut-être l'occasion d'ouvrir un tube de crème de marrons, non ?

Finalement je ne cède pas à la tentation. Pas facile de trouver de l'eau en hiver, tous les robinets sont "hors gel" et dans les villages tout est fermé. Heureusement parfois il y a des gens qui jouent de la musique sur une place au soleil à l'abri du vent. C'est à Saint-Remèze.




Jour 3

Nuit glaciale, longue. Quand je sors de la tente  tout est blanc de givre, la tente aussi. Il fait -5°. Mais le petit déjeuner au soleil est tellement bon. Jolie descente vers la vallée du Rhône, à Donzère. Après,  c'est... la vallée du Rhône, son autoroute et sa N7, ses zones commerciales et artisanales, ses lotissements, sa circulation... Bref, pas de photos. Le paysage s'arrange à Marsanne. Mais le repas est triste et froid. C'est le vent du sud (même s'il est glacial), et la seule façon de s'en protéger est de se mettre à l'ombre. Donc de toutes façons on a froid.

À Crest je décide de passer au plan B : je laisse tomber le col à presque 900m où j'avais prévu de bivouaquer et où je n'avais aucune chance d'arriver avant la nuit. Je passe par la vallée, une route que je connais. J'aurai bien assez froid déjà comme ça. Et du coup ça me laisse le temps d'un petit café au bar pour me réchauffer. Je suis contraint d'aller dans une supérette acheter de l'eau en bouteilles.

Je roule encore une heure au soleil couchant, et je trouve une petite place à côté de ruches. Les abeilles, elles dorment déjà, elles, pas folles. Demain matin, aucun soleil réconfortant au réveil à attendre : je longe le Vercors.




Jour 4

Une nuit sans être réveillé par le froid. Dans le duvet je pensais avoir de la fièvre. Mais non, c'est juste que j'avais perdu l'habitude de ne pas grelotter. Par contre, pas de café au soleil au réveil. Je me suis rattrapé après 10 km dans un champ bien exposé.

Tellement bien mangé que je n'ai pas fait de pause à la boulangerie de Barbières, pourtant excellente. Il y avait aussi que je m'y arrête régulièrement, et je ne voulais pas qu'on se souvienne de moi à cause de l'odeur de mes vêtements 😄. Bien se laver en bivouac en hiver, c'est compliqué.

Après j'ai emprunté un itinéraire connu, que j'ai apprécié en prenant le temps.







Et la carte :