25 août 2022

Cap Nord #6 : retour

 

Finalement, le retour se fera principalement en bus... La forme n'y est plus, et difficile d'envisager 2 mois seul dans des paysages relativement monotones...

Vélo le long de la Baltique, et au Danemark.


 


23 juillet

Hier soir, pendant qu'on errait dans le bâtiment pour retarder le plus possible le moment d'aller monter la tente dans la tempête gelée, Mélanie apprend de façon inopinée d'un agent de sécurité qu'il y a un bus qui part tous les jours du Cap Nord à 1h du matin pour Rovaniemi, exactement où je veux aller. Enfin une information que Google n'avait pas 😄. C'est ce même agent qui vient me chercher vers 23h quand le bus arrive, et qui me met en contact avec le chauffeur.
Ainsi je m'épargne les 130 km, sous la pluie, que je viens de faire dans l'autre sens, et 10 jours dans la Laponie finlandaise. Je vais me retrouver d'un coup de baguette magique sur le cercle polaire, où il fait moins froid en ce moment.


Peu de cyclistes rentrent en pédalant. Le retour se fait aussi à partir de Honningsvåg par le Hurtigruten, ou par le bus de Alta, puis l'avion.


24 juillet : Rovaniemi

Pour me remettre d'une nuit à attendre le car, et d'une journée à ne pas pouvoir y dormir je reste un jour pour me reposer à Rovaniemi.
Comme chacun le sait, surtout les enfants, Rovaniemi c'est la ville officielle du Père Noël. Le Père Noël, on le trouve dans une zone au nord de la ville, que j'ai traversée en car. C'est une succession de parcs d'attractions, avec des enseignes lumineuses, des parking géants, une sorte de Las Vegas du Père Noël, forcément en moins bien. Si vous voulez qu'un enfant ne croie plus au Père Noël, c'est ici qu'il faut l'emmener.
La ville elle-même est comme la majorité des villes scandinaves. Pour un français habitué au centre-villes médiévaux, le choc est rude. Aucun bâtiment ne semble avoir été construit avant 1960. Au centre-ville, très peu de référence au Père Noël. Deux ou trois boutiques de souvenirs et c'est tout.
L'arrivée en Finlande c'est aussi le retour en zone euro, la fin des prix délirants (même s'ils restent assez chers), c'est aussi le retour des supermarchés qui vendent des produits variés, qui ont du goût. 

 

Rovaniemi

25 juillet, Tornio

Départ de Rovaniemi assez tôt ce matin, parce que j'ai une longue étape jusqu'à Tornio ce soir. Ce n'est pas très intelligent de faire une aussi longue distance aujourd'hui, dans l'état de fatigue dans lequel je suis, mais je suis accueilli chez un hôte warmshowers, c'est à 120 km de Rovaniemi. Heureusement, la Finlande c'est plat. Et en plus la pluie est annoncée pour au moins un jour et demi, à partir de la fin d'après-midi. J'apprécie ces routes tranquilles dans la forêt, où on peut voir des rennes (ce seront les derniers, parce que plus au sud il n'y en a plus) mais au bout d'un moment je ressens le besoin d'écouter des podcasts et de la musique.
Joonas habite un petit coin de paradis au bord d'une rivière. Tout de suite il me propose de rester deux nuits. Au début j'hésite, mais je ne trouve aucune bonne raison à me faire du mal sous la pluie demain. Ce sera donc - à nouveau 😃 - rest day.





27 juillet

Les paysages ne sont pas foufous aujourd'hui. J'étais habitué à faire 20 ou 30 photos par jour, ici je me force à en prendre deux ou trois. Pour autant la journée n'est pas désagréable. J'avance tranquillement, malgré le vent de face, sur des bonnes pistes cyclables, ou sur des pistes non goudronnées à travers la forêt. Au moment de chercher un lieu de bivouac, apparaît sur ma carte le petit symbole "abri". Je m'y rends par des pistes, en me trompant une ou deux fois, et j'arrive au bord de la mer, dans un endroit merveilleux. C'est battu par le vent, mais je vais pouvoir dormir à l'intérieur de la cabane, et qui dit vent dit "pas de moustiques".

 

mer Baltique



28 juillet, Oulu

Peu de photos, peu d'occasion d'en faire. Une journée pourtant bien agréable. J'ai réussi à rouler quelques kilomètres sur une 2x2 voies. C'était manifestement prévu ainsi. Pour la première fois j'ai vu un élan, de loin. On m'avait prévenu que si le renne est craintif, il ne faut pas aller chercher un élan sur son territoire, sous peine de se faire charger par un animal grand comme un cheval. Et ce soir accueil dans une adorable famille finnoise, où j'ai eu de nombreux conseils pour la suite du trajet.

 

femelle élan


 

29 juillet, Raahe

Oulu, ça pourrait être l'autre capitale du vélo. Les pistes cyclables sont exemplaires. C'est déjà officiellement la capitale du vélo l'hiver, et en Finlande ça veut dire quelque chose. Les pistes cyclables sont déneigées avant les routes. Celle que j'ai empruntée pour sortir de la ville avait 40 km de longueur. Après ça, les paysages n'ont pas été très variés, comme d'habitude. J'ai voulu faire un peu plus de kilomètres aujourd'hui, pour en faire moins demain, car c'est une journée pluvieuse en perspective. J'ai trouvé un petit coin pas mal, j'avais visé une cabane sur la carte. Mais le coup des cabanes, ce n'est pas très intéressant, parce qu'il y a tellement de moustiques qu'il vaut mieux dormir sous la tente, on y est bien mieux protégé. 

Oulu


On ne la voit pas, mais la raffinerie n'est pas si loin... et bruyante

 

29 juillet, Himanka

Pliage express de la tente sous la pluie, ce matin. Je ne réussirai pas à la faire sécher de la journée. Direction sud, avec des détours importants pour éviter la route principale. Heureusement qu'il y a des podcasts à écouter, sinon les  journée seraient interminables. Et comme d'habitude, j'ai trouvé une petite cabane sur une application, assez difficile d'accès, mais un endroit assez chouette pour camper.



 

31 juillet, Nykarleby

Là, on peut dire que j'ai bien dormi, sans bruit d'une raffinerie ou d'une éolienne à côté toute la nuit. Encore une centaine de kilomètres aujourd'hui. Dans les bois, dimanche oblige, je vois plein de gens qui ramassent des myrtilles, je suppose. Ils sont tous protégés contre les moustiques, avec des chapeaux moustiquaires, et parfois même des moustiquaires qui les couvrent de la tête aux pieds. Heureusement, en vélo, on n'est pas du tout affecté par les moustiques.
C'est à peu près là que j'ai passé le 5000ème kilomètre,  de pédalage. Avec les trains, ferrys et le bus, ça fait beaucoup plus. À Kokkola, j'ai résisté à la tentation : j'ai laissé passer la dernière chance de pouvoir joindre Turku en train.Après Kokkola, je suis passé par la route dite des "7 ponts". Tout le monde m'en avait vanté la beauté. Mais après être passé par la Norvège, il va falloir quelques temps avant que je sois impressionné par d'autres paysages. Je suis dans une zone bilingue, suédois et finnois. Les panneaux sont dans les deux langues. Le Suédois est la deuxième langue officielle de la Finlande. La culture suédoise est très présente sur la côte Est de la mer Baltique. Les gens ici se définissent comme finnois ou suédois, même si tout le monde a la nationalité finlandaise.
Peut-être être à cause de la météo ensoleillée, j'ai le sentiment d'être assez au Sud. Mais on y regardant de plus près, je suis à une latitude qui est plus au nord que celle de Trondheim.
À Jakobstad, je trouve un joli quartier de grosses maisons en bois.




 

1er août, Vaasa

Ce matin, Marcus m'a accompagné sur mon chemin pendant une trentaine de kilomètres. Tout ce temps passé à bavarder...🙂. Marcus va un peu vite, il n'a pas de bagages, je me cale sur son allure, mais le reste de la journée je m'en ressentirai. Après... c'est toujours un peu la même chose, les paysages se ressemblent, même si tout le monde vous dit que vous passez sur une route exceptionnelle. En fin d'après-midi j'arrive à Vaasa, où je suis hébergé par une famille absolument adorable, dans une vieille et magnifique maison collective en bois.


 

2 août, Kristinestad

Rien... c'était ch... monotone 😕. Heureusement qu'il y a les podcasts. Je suis enfin au Sud de la latitude de Trondheim.



3 août, Reposaari

Des paysages plus champêtres... quelque chose de plus agréable aujourd'hui, malgré un bon vent de face. Au bord de la route nationale, une maisonnette peu reluisante, c'est écrit "café". Je pousse la porte, c'est mignon comme un intérieur scandinave. Pendant que je bois mon café réparateur, trois autres cyclistes entrent à leur tour. À leur accent, je devine tout de suite que ce sont des Français. Évidemment on se met à discuter, et surprise, ils ont rencontrés Flo, et aussi François. Plus tard je mangerai aussi avec eux. Ça fait toujours plaisir de parler un peu dans sa langue, mais au-delà, ces trois là étaient vraiment chaleureux.

 





 

4 août, Pyhäranta

 



5 août, Turku

On ne dira pas grand-chose du trajet, principalement sur des routes principales (pour réduire la distance, essayer de pédaler moins de 100 km 🙄), du bruit assourdissant des voitures, de la pluie. Mais l'accueil warmshowers est (comme d'habitude) exceptionnel. Je visite Turku, qui est assez jolie et vivante, on mange dans festival de street food végétarien, et on boit des bières locales excellentes. 

 
Turku


 
6 août, Stockholm

Journée ferry. La traversée est plutôt longue. J'ai fait le ravitaillement juste avant de partir dans un supermarché, pour ne rien avoir besoin d'acheter à bord. C'est tellement étrange de se retrouver au milieu de gens sur leur trente-et-un, qui trompent l'ennui à coups de sucreries...
Sur ce parcours, le bateau se faufile entre d'innombrables îlots de granit. C'est assez joli.
L'arrivée à Stockholm révèle une bonne surprise : la ville est grande et il y a manifestement beaucoup à voir.
 


Stockholm

 8 août, Stockholm

Deux jours de repos à Stockholm, à visiter, à déambuler, à lire, à  me poser à des endroits agréables. Une ville facile à vivre, si ce n'était le coût de la vie 😱... c'est un sentiment tellement étrange,  mais pas désagréable, de se retrouver dans une grande ville, au milieu de gens si bien habillés, quand on n'a fait que pédaler dans des zones désertiques depuis presque 3 mois.
Ensuite il a fallu attendre le bus pour Copenhague, départ 23h59.
 





 
9 août, Copenhague, Kirke Hvalsø
 
Voyage en bus sans histoire, de Stockholm à Copenhague, sauf qu'on ne dort pas vraiment.
À Copenhague, je visite un peu, surtout le quartier de Nyhavn. C'est beau, mais vraiment touristique. C'est une ville très animée, et vraiment la capitale du vélo. Il y des parkings à vélo partout, devant la moindre supérette au moins 20 ou 30 vélos. Et bien sûr beaucoup de cyclistes. Je suis allé visiter le musée viking à Roskilde. Les Danois n'étaient pas vikings, mais pour s'en défendre ils avaient fait des barrages dans leur fjord sableux, avec ce qu'ils avaient sous la main,... dont des vieux drakkars échoués là. C'est ainsi qu'on en a retrouvé beaucoup au même endroit.
 
Copenhague, Nyhavn

Roskilde


Après j'ai enfin pu rouler sur des petites routes de campagne. Et comme il fait beau c'est assez joli. Et comme d'habitude au Danemark, nuit en shelter. 
 


 10 août, Kalundborg
 
Quand on a dormi 11 heures, forcément, on voit le monde avec plus de sérénité. Le parcours est varié, assez joli, il y a de belles églises. En arrivant à destination, pas d'eau comme il était écrit dans l'application. Je rentre dans une cour de ferme, je frappe à toutes les portes, et comme personne ne répond je me sers tout seul au robinet extérieur.
 


De loin, on aurait pu croire qu'elle était construite en... Lego.




 
11 août, Skalsbjerg
 
Il fait chaud, vraiment chaud ! Et pour longtemps ! J'en ai tellement rêvé. Je n'ai pas réussi à m'empêcher de regarder la météo au Cap Nord : alerte vents violents, pluie continue, température maximum 10°... un autre monde.
Petites routes, pistes, petites pistes qu'on abandonne à regrets, mais là ça ne roulait plus...
La journée passe tranquillement, jusqu'au shelter. Pas aussi bien situé que hier, mais avec de l'eau.
 
 


 
12 août, Avnø Naturcenter

La journée commence bien. D'abord par un long petit déjeuner que je fais durer.
Une belle voie verte au milieu des champs, des forêts. Je pédale lentement pour en profiter le plus possible. La température est caniculaire. J'avais visé des shelters au bord de la mer, en pensant y être seul, car la rentrée des classes a déjà eu lieu au Danemark. Raté ! Les quatre shelters son pris, il y a déjà des tentes. Et pourtant l'accès n'est pas si facile. Mais le cadre est absolument merveilleux. Et je ne veux pas rater une occasion de dormir au bord de la mer. C'est peut-être une des dernières fois.
 


Oh non ! Encore des photos de champs de blé...



 
13 août, Nykøbing Falster
 
La nuit ne s'est pas passé comme les précédentes, c'est-à-dire seul au bord de la mer Baltique. Il y avait six shelters plein à craquer, une dizaine de tentes. Plusieurs sonos qui ont profité à tout le monde. Et chaque groupe avait son petit feu pour des grillades, ça devient vite lacrymogène.
Le matin, jai quitté l'île de Zeeland (celle de Copenhague) pour celle de Falster. Ça n'a pas changé les paysages... malheureusement. 




14 août, Tågerup

Lever tardif, petit déjeuner tardif, départ tardif. De nombreux arrêts à rallonge, dont un très long vers 14h à Maribo, glaces et soda. J'ai tout essayé pour  arriver le plus tard possible au shelter, mais il n'y avait même pas 50 km pédaler. J'ai choisi ce shelter parce que c'est le plus proche, avec de l'eau, de l'embarcadère pour l'Allemagne. Je vais prendre un ferry pour Puttgarden le plus tôt possible demain matin.
J'ai vraiment tout essayé pour prendre de jolies photos. Mais là, je n'y suis pas arrivé. L'après-midi, il y a eu de jolis passages sur une ancienne voie ferrée.
 

 15 août, Behrensdorf

Aïe, le réveil sonne vraiment tôt. L'étape est un peu plus longue aujourd'hui, avec un ferry pour rejoindre l'île de Fehmarn, en Allemagne. C'est une courte traversée, c'est le dernier ferry, c'est le 37ème. L'île de Fehmarn est vite traversée, et c'est par ce pont qu'on rejoint (enfin) l'Europe continentale. Je croise quelques voyageurs à vélo, en général ils ne répondent même pas quand je les salue. C'est quand même bien le retour dans le tiers monde : les supermarchés sont plein de bonnes choses, on oublie les prix de la Scandinavie. Dans les villages, il y a même des cafés avec des terrasses au soleil. Si je n'en avais pas bu un litre et demi dans le ferry, j'en aurais bien profité. les paysages, c'est l'Allemagne du Nord sous la canicule. On passe pas trop de temps à faire des photos ! Pour la dernière nuit en tente, je préfère le camping, avec la douche. Je finis par en trouver un où la probabilité de ne pas me faire jeter n'est pas ridicule. Évidemment le propriétaire ne parle pas anglais. Mais avec l'aide d'un campingcariste, toutes les difficultés s'applanissent.
 
pont entre Fehmarn et l'Allemagne continentale



 
16 août, Bad Segeberg
 
De nouveau dans les paysages du Nord de l'Allemagne. À Lütjenburg en traversant la place je me vois au même endroit il y a 3 ans, buvant un café accompagné de pâtisseries. Je retrouve la boulangerie, et... je commande un café et des pâtisseries. Mes voisins de table engagent la conversation, dans un français très convenable.
Je m'arrête assez longtemps pour manger, et lire aussi. L'étape n'est pas si longue, et j'ai une heure d'arrivée fixe. L'après-midi est marquée par un bon orage, le second de la journée. Comme je suis resté longtemps à lire, pas d'autre solution pour arriver à l'heure que de passer à travers, avec pluie qui tombe à l'horizontale et tout le cinéma. Et j'arrive à l'heure pile à Bad Segeberg, chez une famille warmshowers où tout le monde rit et sourit, un vrai bonheur.
 


 
17 août, Hambourg

C'est le dernier jour de vélo. C'est à la fois un peu triste, parce que j'avais imaginé le retour en pédalant, et joyeux, parce que trois mois c'est long, et je vais revoir tout le monde. Et puis j'y suis arrivé, au Cap Nord 🙂!
Ça se fête par un copieux petit déjeuner dans une boulangerie.
Pas de photos sur le parcours, ce sont les mêmes paysages que hier. Hamboug, c'est vraiment une grosse ville. J'ai bien aimé suivre la ligne rose sur l'écran du GPS que j'avais programmé pour qu'il me guide jusqu'à la porte de l'hôtel. Ainsi j'ai traversé 20 km de banlieues sans me poser de questions. Il y fait horriblement chaud (mais je ne me plains pas 😄) jusqu'à l'orage du soir.
 



 
Demain, c'est bus : Hambourg - Bâle, puis Bâle - Lyon. C'est tout pour ce voyage... 😉