29 août 2017

2017 Cornouailles #4 : Devon, Somerset, Dorset

Bude, c'est la limite entre la région des Cornouailles et celle du Devon. Je vais quitter le littoral pour pédaler dans le Parc National d'Exmoor. L'altitude augmente, oh là là, je monterai jusqu'à 465m d'altitude ! Puis en 2 jours la traversée du Somerset et du Dorset pour rejoindre la côte de la Manche...
 
 

Jour 30
Aujourd'hui est un jour de petite étape. A cause d'une erreur d'appréciation des distances, je n'ai que 26 km à faire. Je négocie avec le propriétaire un peu bourru de l'hôtel pour backpackers pour pouvoir quitter à 14 heures. La pluie qui tombait depuis la veille au soir s'arrête au moment de mon départ. Direction l'auberge de jeunesse de Elmscott. A noter le tronçon de route le plus pourri et dégradé que j'aie jamais vu en Europe... à 25% of course !

Bude

descente et... montée



Jour 31
Longue étape au programme : la traversée du Parc National d'Exmoor, c'est-à-dire l’ascension de ses collines. De façon inattendue, les pentes ne seront pas trop raides. Ou alors je m'habitue ! Premier arrêt à Bideford, pour les courses. Beaucoup de misère dans les rues. La bonne surprise, c'est le Tarka Trail, une voie verte entre Bideford et Barnstaple, qui traverse de beaux paysages le long de l'estuaire de la Taw River. Beaucoup de cyclistes en famille. Puis, à partir de Barnstaple, c'est l’ascension vers les collines d'Exmoor, à la fin sur des toutes petites routes au milieu des landes. Nuit à Exmoor, à l'auberge de jeunesse, le bon gros mauvais temps est prévu pour la nuit. J'y discute avec de jeunes anglais en vacances qui m'expliquent que l'hiver, c'est la même météo que l'été, en un peu plus froid. Ils exagèrent, mais pas beaucoup.

au loin, la mystérieuse île de Lundy

Bideford

Tarka trail



Exmoor National Park




Jour 32
Oh là la grosse pluie. Je mets la cape, je serre les dents et en avant. Ce soir c'est warmshowers, donc nuit au sec. La route remonte sur les hauteurs. A Bampton je tente pitoyablement de me réchauffer avec un grand café. Un peu plus loin, sur une petite route, une voix sympathique me hèle par derrière. C'est Rob, jeune informaticien au look rasta qui fait un break de... 6 jours. On s'entend tout de suite bien. On mange ensemble. Il a failli me spoiler la saison 7 de Game of Thrones. En parlant de GOT, j'arrive chez mon hôte qui s'appelle Jon. Il est "blacksmith", forgeron, et gagne sa vie en tapant sur du métal chauffé au rouge, pour fabriquer à la main des outils de jardinage et des poêles à bois que les gens fortunés s'arrachent. Il est épuisé, comme tous les soirs. Il me dresse un tableau de son pays complètement désabusé. Quand je lui décris les pistes cyclables de Grenoble, il soupire tristement et déclare : "au moins maintenant je sais que ça existe vraiment quelque part !" Il se fait beaucoup de soucis pour sa fille. Comme beaucoup d'anglais, il a le sentiment que l'argent des impôts part en pure perte chez une minorité qui se gave.
Je dors dans un camion, un véritable monument historique.






Jour 33
Suite et fin de la traversée entre le Canal de Bristol et la Manche. Les paysages typiquement "english" se succèdent. J'arrive chez Malcolm, encore un hôte warmshowers, tellement sympathique et accueillant lui aussi. Nous sommes 3 cyclistes hébergés chez lui, dont Andrea, mère de famille allemande qui est au début d'une année sabbatique à vélo, que Malcolm a recueillie plus qu'hébergée, tant elle est en détresse à cause du relief des routes anglaises. Elle n'avait jamais pédalé que sur du plat, et se voit obligée de tout changer dans son projet. La soirée est animée et joyeuse. Malcolm cuisine comme un chef.





Jour 34
Distance tout à fait raisonnable aujourd'hui, la pluie est (encore) prévue, et il fait franchement froid. Je sais que je dors dans une auberge de jeunesse, c'est à peu près tout. Les auberges de jeunesse sont réparties tout le long de la côte, pour les randonneurs pédestres, et sont souvent situées dans des endroits sublimes. C'est le cas ce soir. J'y arrive absolument frigorifié, tremblant de froid, juste avant la pluie. Les chambres sont toutes pleines, les ronflements puissants de ces messieurs ne m'empêchent pas de m'endormir comme une masse...






Jour 35
C'est le dernier jour en Angleterre. Demain je prends le ferry à Poole, pour Cherbourg. Au vu des prévisions météo, j'ai réservé un hôtel à Bournemouth, une ville surfaite exclusivement consacrée au tourisme. Et bien ça ne fait pas rêver. Du sommet des collines, la vue sur la mer est exceptionnelle. La route passe encore par un ferry à chaîne pour rejoindre Sandbanks. Je vais tout de suite au terminal des Britanny Ferries pour mon billet, que j'achète pour 20 livres de moins que ce que me proposent les publicités alléchantes que je reçois par dizaines sur mon téléphone, depuis que j'ai eu le malheur de regarder sur internet les horaires. 
Je reste longtemps à manger sur le port de Poole, seul endroit vivant de cette ville. Beaucoup de gens viennent me parler. Je bavarde  avec un cycliste anglais (on les reconnaît facilement, ce sont les seuls qui pèsent moins de 100 kg). Son téléphone sonne. Avant qu'il ne réponde, on se fait une blague à 2 balles sur les épouses qui téléphonent pour demander "mais où es-tu ?" C'est sa femme. "But where are you ?" On est mort de rire. "I'm talking with a long distance cyclist !" Je réalise qu'il parle de moi, et que je viens d'accéder au rang des cyclistes longue distance, simplement parce qu'il me considère comme tel. Je suis plutôt content.
Pour rejoindre Bournemouth, je passe par le bord de mer aménagé en interminable promenade, interdite aux vélos en journée l'été. Bon, il est tôt, finalement je me régale à marcher 5 km en écoutant Ibrahim Maalouf. Ce sont les dernières heures dans ce pays, j'en profite.