23 août 2018

2018 été #2 : Slovénie, Croatie

Paysages fabuleux, rencontres inoubliables... De Trieste à Brestova en traversant les profondeurs de l'Istrie, de l'île de Cres à sa voisine de Mali Lošinj, de Zadar à Split... le dépaysement augmente peu à peu, la langue est incompréhensible, difficilement prononçable, certains visages font penser à des films de Kusturica.
 



 

Jour 18. Comme je m'ennuie le soir dans ma petite tente, écrasé de chaleur, j'explore la carte sur mon téléphone. Je découvre une liaison maritime entre Grado et Trieste. Au prix d'un détour raisonnable, elle a l'avantage de me faire éviter la route côtière entre Monfalcone et Trieste. Le site Internet de la compagnie précise que les 12 premiers vélos sont admis. Trop bien ! Grado est une ville super touristique, une infinité de campings industriels. Glauque, pour moi. Arrivée à Trieste au centre-ville. J'y prends le café avec Jean-François, prêtre à vélo, en "année de ressourcement". On parle beaucoup, notamment de ces moments de solitude où on se demande ce qu'on fait là, et pourquoi on y est tout seul. Les prêtres à vélo traversent ces épisodes aussi. La sortie de Trieste est très urbaine, même si un itinéraire vélo est fléché... y compris sur les  2x2 voies. À peine la frontière slovène repassée, je trouve un petit camping familial. Je cède à la facilité, même si les coins de bivouacs sont faciles à trouver.




Lessive sur le port de Grado

Trieste

Oui, un itinéraire cyclable fléché, sur une 2x2 voies sans couloir pour les vélos. Viva Italia !






Jour 19

Traversée Nord-Sud de l'Istrie, cette péninsule partagée entre la Slovénie et la Croatie. Les paysages ressemblent aux Alpes de Haute-Provence, même végétation. La veille j'ai appris qu'on ne payait pas en euros en Croatie. Je laisse tomber l'itinéraire prévu, pour traverser une petite ville, Buzet, et profiter de ses distributeurs de billets et de son supermarché. Après-midi solitaire à pédaler, puis à éviter vainement les orages. Je me réfugie dans un bar, la serveuse passe du temps à m'apprendre à prononcer "merci" : "hvala". La côte approche, plusieurs îles sont visibles, un second orage me tombe dessus, et à l'endroit où je ne l'espérais plus, au-dessus de l'embarcadère de Brestova, un bivouac paradisiaque, sur d'anciennes terrasses abandonnées, vue sur la mer et l'île de Cres. La traversée, ce sera pour demain.


paysage d'Istrie

J'avais dit à tout le monde que j'allais en Croatie. C'est fait. Mais ce n'est même pas la moitié du voyage.


Au loin, l'île de Cres





Jour 20

Levé tôt pour profiter d'une des premières traversées du ferry. Sur l'île, les paysages sont superbes. À l'endroit où l'île est la plus étroite, la route serpente sur la crête. Mer des 2 côtés, fabuleux ! À Cres (la ville) je me pose à côté de l'office du tourisme pour organiser la suite. L'idée de camping moins de 4 étoiles sans piscine plonge tout le monde dans le désarroi. Du coup je décide de continuer plein sud, et de prendre le ferry qui va directement à Zadar, sans passer par les autres îles. Ça me permet d'éviter la fameuse route côtière, réputée tellement dangereuse pour les cyclistes l'été. Et à Zadar, je ferai un jour de repos. En fin d'après-midi, je trouve un bivouac 4 étoiles. J'y verrai 4 cerfs, une éclipse de lune, et de nombreuses étoiles filantes. Des fois tout est simple.


Embarcadère de Brestova


La mer des 2 côtés !

Cres

Cres, à la recherche de l'eau. L'application sur le téléphone est très utile.

Vue depuis le bivouac.




Jours 21 et 22

Toujours plein Sud. L'île de Cres est séparée de celle de Lošinj par un étroit chenal. À Mali Lošinj, après avoir acheté le billet de bateau, je fais connaissance avec un couple de jeunes cyclos vaudois, tellement gentils. On passe la journée ensemble. Eux sont au début de leur voyage de 3 ans. Direction l'Est, le plus lentement possible. Au moment de l'embarquement, Pete se joint à nous. Un autrichien de mon âge, bâti comme Conan le Barbare, qui pédale toujours en mini maillot de bain, pour le bronzage. Quand il nous a fait la liste de ses exploits, on a cru que c'était Mike Horn. Il nous a bien fait rire quand il nous a expliqué comment il cachait ses (très) longs cheveux sous sa casquette. Il est haut gradé dans la police autrichienne. Son fils joue du hard rock, des piercings partout (on a vu les photos), il jouait à Talmin quand j'ai traversé le festival. Les deux amis suisses sont descendus à la première escale, espérant une île plus authentique, Premuda. Avec Pete, on est allé jusqu'à Zadar, on avait réservé dans le même hôtel pour backpackers.
Journée suivante consacrée à ne rien faire. Visiter Zadar, lire... J'y rencontre Alex, un autre cyclo, breton, parti pour le tour du monde peut-être, mais au moins l'Australie.



Le chenal entre l'île de Cres et celle de Lošinj

Avec les nouveaux amis, en attendant le bateau.



Zadar



Jour 23

La dame de l'hôtel était une vraie mère pour nous tous, attentionnée, passant de l'un à l'autre pour voir si tout se passait bien. On se serait presque cru à la maison. Toujours pour éviter cette célèbre route côtière, je décide d'aller à Split en 2 jours en passant largement par l'intérieur. Les paysages ne sont pas exceptionnels, mais je suis tranquille. Le long de la route, des vestiges de la guerre de 1995 : maisons abandonnées à moitié écroulées, avec impacts de balles, ou pas. Après 80 km, j'arrive à Skradin, porte d'entrée du Parc National de Krka. Des milliers de touristes attendent pour acheter un billet à plus de 30€, pour accéder au parc. Et là je retrouve Alex, dépité lui-aussi par l'ambiance. Je lui parle d'une idée un peu débile qui me trotte dans la tête depuis le matin. Il s'agit de continuer encore 70 km, donc de rouler de nuit, jusqu'à un col qui domine Split, pour profiter de la vue qui s'annonce exceptionnelle. Il n'est pas difficile à convaincre...
À 17h, avec les sacoches pleines de bonnes choses à manger, on repart.
Repas quand il faisait encore jour dans un village perdu, 2 gamins sont venus avec leur picnic pour manger avec nous et parler foot. Heureusement là Alex il assurait. Bon il fallait qu'on réponde en croate, mais pour réciter des listes de joueurs de foot c'est pas grave. On est arrivé au col prévu vers 1 heure du matin, et là c'était juste époustouflant. Les photos ne donnent qu'une vague idée.


Zadar



Alex me retrouve, par hasard, à Skradin.

Skradin

Split

Nuit en plein air



Jour 24

Le lendemain, il nous reste 25 km à faire. Tout ceux qui disent que Split est une belle ville n'y sont pas arrivés en vélo en traversant ses zones industrielles. Le centre historique est beau, mais tellement réduit. On passe la journée avec Alex tranquillement, et le soir je prends le ferry pour Ancône et l'Italie...






... à suivre