30 avril
Départ de Grenoble en... voiture, jusqu'à Piombino, dans un agriturismo un peu chic...
1er mai
Première étape en groupe.
Matin en Toscane, la lumière joue avec les grands cyprès et les pins
parasols. Ça sent les fleurs, l'eucalyptus... Bon, pour faire des photos
sans poteaux, ni autoroute, ni bâtiment industriel ou autre truc moche,
il faut y passer un peu de temps.
On aurait bien aimé voir la mer ce matin, mais on en était séparé par de très grosses propriétés fermées par de très gros portails avec de très grosses voitures derrière les portails.
On a fini par prendre une petite route en terre très jolie, au milieu des arbousiers, qui devait nous amener à une jolie plage dans une crique déserte, mais évidemment ce 1er mai on n'était pas les seuls à avoir eu la même idée. Plus la place pour étaler la moindre serviette.
L'après-midi, l'itinéraire nous a fait passer par une route interdite aux voitures, plutôt une piste très défoncée, mais avec une vue sur la mer et sur les îles de la Toscane absolument magnifique.
Ce soir, hébergement au milieu des marais. Des chants d'oiseaux superbes, des moustiques affamés.
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Cala Martina |
2 mai
Ce matin ça en est fini du vélo en groupe. Les autres continuent leur boucle le long de la mer, je pars seul en direction des collines et du lac de Bolsena. Pas si facile la séparation...
Courses à Grosseto, sortie de la ville assez désagréable comme d'habitude, mais la majorité de la journée se passe sur de jolies petites routes quasi désertes. Jolies mais pas plates. Altitude de départ : 0m. Altitude max : 920m. À un moment, j'ai cru voir la mer au loin dans la brume. En théorie la dernière fois que je la vois avant la traversée du détroit de Messine.
Bien entendu trop de kilomètres, parce que j'ai laissé un premier lieu de bivouac, pensant trouver mieux plus loin... ce qui n'est jamais arrivé... comme d'habitude.
3 mai
La nuit fut longue... je m'attendais à avoir la visite de sangliers pendant la nuit, ils ne sont pas venus. J'ai dû faire fuir un chevreuil trop curieux à coup de raï !
Premiers kilomètres, premier café sur une jolie place de village.
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Castell'Azzara |
Je rejoins une Eurovélo, la Via Francigena. On ne sera vraiment jamais d'accord sur ce qui est cyclable et ce qui ne l'est pas avec les gens qui tracent ces parcours. Il n'y a que des pélerins à pied et à vélo, qui dorment dans des monastères. Ils vont tous à Rome, peut-être pour le nouveau pape, je n'ai pas demandé. J'ai rencontré un couple de... Grenoble... comme d'habitude.
Je trouvais que j'avais été assez radin hier avec la nourriture, je me suis bien rattrapé aujourd'hui.
Après Bolsena qui donne son nom au lac de cratère, très touristique et bien religieux, l'itinéraire va à Lubriano, en face du village perché de Bagnoreggio, haut lieu des influenceurs voyages sur Instagram. Lubriano où je suis déjà passé il y a 7 ans.
Et quelques kilomètres plus loin, il y a une petite église dans les champs qui fait un bien beau lieu de bivouac.
4 mai
C'est le grand soleil qui m'a réveillé ce matin. C'était très agréable le petit déjeuner au soleil levant de l'Italie. Et puis les descentes et les montées raides se sont succédées, les jolis villages aussi. Je suis passé du café "americano" (notre allongé) au "lungo" : une réussite. J'ai réussi à faire une petite lessive à midi, mais le séchage n'est pas encore au point. Le dimanche après-midi a été un peu bizarre : presque pas de voitures, personne dans les villages traversés, une lumière blafarde et un vent assez fort bien frais.
Assez difficile de trouver un bivouac. Je trouve un très beau champ parfait, mais deux corniauds surgis de nulle part m'en délogent.
Bref, une fois la tente montée, il restait peu de soirée, et j'ai dû en consacrer une bonne partie à trouver des hébergements. La vraie montagne arrive, les orages aussi.
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Là-bas au fond, la chapelle où j'ai campé |
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Alviano |
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Lugnano in Teverina |
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ce vélo est bien pratique... |
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un ciel bien menaçant... |
Comme c'était annoncé, l'orage est venu pendant la nuit. Et il a duré. Des trombes d'eau pendant des heures. Le pliage de la tente et le rangement des affaires a été assez compliqué. Météo de la journée : averses orageuses (beaucoup), éclaircies (vraiment pas beaucoup). Du coup ce soir c'est agriturismo.
À Spoleto je rejoins l'itinéraire que je vais suivre plusieurs semaines. Il commence par une ciclovia, pas trop cyclable parfois, très belle avec des ponts, des tunnels, dans la nature. J'y prends des averses mémorables. Repas dans un abri bus bien glauque. Je sais qui aime qui et aussi qu'un certain Roberto en a une petite. Intéressant, non ?
Après je suis vraiment dans les montagnes : des collines certes, mais très hautes.
On est à 60km à vol d'oiseau de L'Aquila, les destructions du tremblement de terre de 2009 sont visibles partout : des maisons qui ne tiennent que par des câbles, des panneaux "à vendre maison à reconstruire", et des ruines nombreuses.
Et j'arrive à Norcia par un col à plus de 1000m. Je redécouvre que début mai, en montagne, il fait assez froid.
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Ici on dit "Ciclovia" |
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conséquences d'un tremblement de terre |
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Norcia |
6 mai : Montereale
Le mauvais temps est toujours là. Trois heures de répit ce matin seulement. J'ai du refaire un itinéraire plus court et plus direct pour en tenir compte. Du coup je n'ai pas pu monter à "il Valico del Castelluccio", un paysage stupéfiant. Je m'en réjouissais depuis des mois.
La bonne nouvelle, c'est que j'ai pu continuer à pédaler : ça n'allait pas de soi, les dégâts dûs aux pluies torrentielles en Ombrie sont impressionnants. C'est la région au Nord de ma position.
Trois cols à plus de 1200m aujourd'hui, mais des gentilles pentes toutes douces. C'est le retour des gants, il faisait 10° par moments.
Repas dans un abri bus préservé, cette fois, et 3 heures de vélo sous la pluie.
7 mai : San Demetrio ne'Vestini
Le soleil du début de matinée ne dure pas longtemps. Longue montée jusqu'à un col à 1475m, pas si difficile. C'est très sauvage, très vert. Puis longue descente, à travers quelques gouttes. Repas dans une station de ski fermée (il funivia del Gran Sasso). Je me réfugie dans un bar pour laisser passer une averse... qui ne passe pas. Départ sous la pluie pour remonter... à 1400m. Les panoramas sont magnifiques, il faut vite en profiter avant que les nuages ne les engloutissent.
Ce soir c'est de nouveau hébergement en dur : on n'est pas en stage de survie en milieu extrême.
Mon niveau d'italien me permet de tenir des conversations de bar avec des messieurs de 90 ans et plus. Ce sont de bons moments.
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Toujours ces maisons prêtes à s'effondrer... |
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Valico (col) di San Franco 1473m |
8 mai : Caramanico Terme
Ce n'est pas la grande chaleur, mais il semble ne plus vouloir pleuvoir. Il y a même quelques rayons de soleil. Après trois nuits passées dans des lits douillets au chaud, il va falloir penser à nouveau au bivouac. Le début de l'étape est facile, ça ne fait que descendre. Une intuition me dit qu'à un moment ou à un autre il va falloir tout remonter.
Le tracé que je suis plus ou moins, "Apennino bike tour", est évidemment semé d'embûches : tronçons non cyclables, montées et redescentes inutiles... aujourd'hui c'est une usine qui s'est installée sur la route. Un papi en triporteur vespa m'a aidé à chercher une solution, mais le pont sur lequel il comptait avait été enlevé. Donc...
Et l'après-midi, les paysages sont devenus franchement jolis. Ça ressemble beaucoup à la Haute-Provence. Aucune difficulté à trouver un lieu de bivouac. Cette fois j'ai pris le premier que j'ai trouvé. Et le lavage à l'eau chaude, c'est vraiment bien !
9 mai : Castel di Sangro
Retour à Caramanico Terme ce matin pour une bonne connexion et un bon petit déjeuner. Col de San Leonardo, encore un à plus de 1300m, derrière c'est un véritable désert. Je trouve à manger dans une toute petite épicerie d'un tout petit village, Campo di Giove. Encore un col cet après-midi. Mais de nouveau avec la pluie, bien froide. Là-haut il y a des villages et des stations de ski. Il pleut jusqu'au dernier moment. Ce genre de situation où on pourrait dire des gros mots... et puis le ciel bleu devant, un coin de bivouac parfait...
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Caramanico Terme |
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rituel du séchage de la tente, à Cansano |
10 mai : Pratella
L'après-midi d'hier a laissé des traces. Venteuse, pluvieuse glaciale, je ne voyais pas comment elle pouvait bien se terminer. J'ai décidé d'en rester là pour un moment avec la montagne : c'est trop tôt. Je profite que en fin d'après-midi mon itinéraire passe à quelques kilomètres de l'Eurovélo 5 pour bifurquer. Ça me fera passer pas loin des Pouilles, ce qui n'était pas prévu. Du coup je suis passé de 1100m à 100m d'altitude ce soir !
Après manger j'ai rencontré un voyageur à vélo, un jeune américain. Il déambule en Italie depuis début mars. N'a-t-il pas eu froid ? Il éclate de rire : il vit et il a grandi à Fairbanks, Alaska. On joue pas dans la même catégorie 😄.
Donc je suis sur l'EV5, itinéraire vélo européen. Pas l'ombre d'un fléchage.
Une étape pas si intéressante, un coin de bivouac difficile à trouver et pas vraiment foufou.
Les prochains jours, pluies orageuses continues prévues. Je les passerai au sec.
11 mai : Benevento
"Journée de transition" : on avance dans la bonne direction, mais il y a peu d'intérêt.
Le tout sur l'itinéraire de l'Eurovélo 5, dont on se demande qui a eu l'idée bizarre de le faire passer sur des routes bien peu adaptées au vélo. L'après-midi, à cause de travaux, je dois monter dans des collines pour rien, je roule sur une nationale manifestement interdite aux vélos... de nombreux kilomètres en plus.
Et tout se termine a Benevento avec une gigantesque pizza absolument délicieuse.
12 et 13 mai : Naples
Tourisme à Naples, où je me rends en train. On en dit beaucoup de choses, pas forcément exagérées, mais la visite a été agréable. L'intuition m'a guidé, m'a fait découvrir de beaux endroits, et manger un burger vraiment ignoble 😅.
Le 13 mai, j'avais prévu d'aller faire le touriste à Salerno. Les retards de train en ont décidé autrement. Je me retrouve de nouveau à Naples, où je n'ai rien d'autre à faire qu'à flâner, ce qui est assez agréable.
Au moment de rentrer à Benevento, un (petit) séisme met le chaos sur le réseau ferroviaire. L'occasion de découvrir la gare routière de Naples, où il n'y a pas beaucoup d'informations mais où tout se passe comme prévu.
Du coup entre les correspondances dans des gares lugubres et les trajets en train assez longs, j'ai eu le temps de préparer la suite, jusqu'à samedi soir. Les prévisions météo sont déprimantes, et empirent chaque fois que je les regarde. Ce sera donc une semaine "Booking.com" 😅. Pédaler sous la pluie mais dormir au sec, ça enlève la pression de se demander où et comment on va bien pouvoir dormir le soir même. Entre la pluie glaciale des montagnes et celle tempérée de la côte, j'ai préféré le bord de mer.
14 mai : Salerno
On the road again. Il était temps de repartir. Je me suis complètement dérouté par rapport au projet. C'est toujours ce qui finit par arriver...
Plein sud, bord de mer. De Benevento à Salerno, on oublie les paysages. Encore une étape de transition. La route du bord de mer est déprimante. C'est sale, tout est déglingué... je m'arrête dans le premier camping, tout petit. Tout propre, accès à la plage, très propre elle aussi.
15 mai : Acciaroli
C'est un bon choix d'avoir choisi le bord de mer pour éviter les pluies glaciales en montagne. Les prévisions météo étaient fiables : il a plu à partir de midi. Les 30 premiers kilomètres déprimants : une ligne droite, un trafic important, des constructions délabrées, en ruines, pas finies - ou les trois à la fois - de chaque côté de la route. Un truc censé être une piste cyclable, mais qui n'a jamais dû être vraiment cyclable, envahie par la végétation, les ordures, des gravats et des dames, assises sur des chaises, qui attendent quelque chose...
À partir de Agropoli, je m'étais fait une idée des paysages à partir de la carte. C'étaient les paysages que j'avais envie de voir, bien éloignés de la réalité que je découvre... sous la pluie. Quelques kilomètres en balcon au-dessus des pins maritimes, vue sur la mer, auraient pu être charmants... un jour de soleil. Mais à chaque endroit où il y a assez de place pour qu'un véhicule stationne, il y a une décharge sauvage en contrebas.
Bref une journée positive parce que j'ai avancé de 60km malgré la météo 🌧.
La chambre que j'ai réservée est chez l'habitant : grande, confortable, vue sur le petit port et la mer, et le bruit des vagues.
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Acciaroli |
16 mai : Scario
Les jours se suivent... sans se ressembler. Dès le départ la circulation est faible, la route en balcon au-dessus de la mer est agréable, ça sent bon la méditerranée. Après une dizaine de kilomètres, panneau "route fermée". Comme le passage des pompiers et de la police est explicitement possible, j'y vais, sachant que j'ai un plan B en béton : le train. La route nationale s'est transformée en piste sur quelques centaines de mètres, les gens des villages y circulaient, et les paysages y étaient enfin sauvages.
La pluie est arrivée tout de suite après, m'empêchant de profiter de la traversée du magnifique village perché de Pischiotta. Je me suis réfugié dans un bar de bord de route, avec des motards détrempés eux aussi... qui m'ont confirmé que ce mauvais temps était exceptionnel - ce qui me fait une belle jambe - et que le retour du soleil est pour demain... c'est très agréable d'y croire, mais pour le moment ce n'est que spéculation.
Cela dit il ne pleut plus que par averses, et je peux manger tranquillement au bord dune plage.
L'après-midi c'est une belle montée depuis le niveau de la mer jusqu'à un col à plus de 500m... où une nouvelle averse m'attrape. J'avais oublié combien il faisait froid dès qu'on quitte le littoral. L'hébergement est juste en bas de la pente.
Aujourd'hui j'ai passé le cap des 1000 kilomètres.
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Pischiotta |
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Lentiscosa |
17 mai : Lauria
Je suis parti assez vite de ce logement, très bruyant. Premier arrêt au bord de la mer, dans un petit village, café et cornetto (croissant) au nutella. À Sapri, dernière ville de bord de mer de mon parcours, courses et magasin de bricolage, pour resserrer quelques vis fatiguées.
Ensuite j'enchaîne les montées, qui ne sont pas difficiles. J'aperçois la mer au loin une dernière fois. Le côté déglingue du bord de mer n'a plus cours ici. Quelques kilomètres avant Lauria, une "ciclovia" sur une ancienne "ferrovia", et belle. Je viens de retrouver l'itinéraire que j'avais prévu.
Je suis arrivé au pays où les supermarchés sont fermés le dimanche, où ils ouvrent à 17h00 l'après-midi, et où l'accent commence à être un obstacle.
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Sapri |
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Rivello |
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vue depuis l'hébergement à Lauria |
18 mai : Castrovillari
Difficile de trouver la motivation pour se lever ce matin, le lit est douillet, l'appartement si confortable ! Je reprends la voie verte de hier... qui est bien à 150m plus haut. Quelques kilomètres de tranquillité. À Laino Borgo, je m'enfonce dans les ruelles pour trouver un café. C'est un groupe de cyclistes anglais qui me trouvent et me font des signes pour que je me joigne à eux. Ils traversent l'Italie du Nord au Sud, "from top to toe", en vélo de route, d'hôtel en hôtel, avec véhicule d'assistance.
C'est le troisième dimanche depuis le début. Les dimanches après-midi sont plutôt bizarres : personne sur les routes, dans les villages... the last of us...
Je retrouve la voie verte en début d'après-midi : un pur bonheur, une descente de presque 20km tout seul.
Ensuite c'est l'heure de chercher de l'eau pour le bivouac, il fait beau, plus d'excuse pour un B&B.
Après Castrovillari, j'aurais bien continué un peu, mais un coin de bivouac aussi bien...
La Calabre c'est beau, c'est vert (en mai), il y a des montagnes plus hautes que la Chartreuse, et les gens sont aimables.
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Là, un itinéraire pertinent vraiment bien fléché |
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Mormanno |
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Morano Calabro |
19 mai : Bisignano
Aïe ça monte tout de suite. Je suis dans la zone albanaise de la Calabre, tout est écrit dans les deux langues, très différentes. En prenant un café à Saracena, je regarde le paysage... mais non 😮? Mais si 😀! Je vois la mer au loin, l'autre, celle du golfe de Tarente.
En fin d'après-midi, je commence à chercher un coin de bivouac, mais je ne suis plus dans la montagne, il y a des maisons partout, ça devient compliqué, très compliqué, vraiment compliqué... bon j'ai trouvé un truc pas trop chouette, mais tranquille. Le bivouac le plus pourri du voyage.
20 juin : Camigliatello Silano
Content de me lever et de partir de cet endroit glauque, même si je n'ai pas beaucoup dormi. Aïe ça monte tout de suite. J'ai déjà écrit la même chose hier ? Étonnant, non ? J'ai prévu d'aller bivouaquer à Campo San Lorenzo à 1200 mètres d'altitude. Risqué, j'ai déjà eu vraiment froid cette nuit, à moins de 100m de haut.
Je fais mes courses tout de suite à Bisignano. Dans un magasin de bricolage j'achète une clé pour resserrer les vis des sacoches, j'en ai déjà perdu une. Au moment de repartir les vis de la béquille cassent. Un incident pas vraiment grave.
Dans la montée, rien ne trouve grâce à mes yeux. Je reconnais cette sensation, c'est le manque de sommeil. Rien d'autre à faire que de trouver une chambre d'hôtel pour ce soir.
Le cœur plus léger je peux enfin profiter des paysages.
Là, ça commence à ressembler à une épreuve, plus à des vacances. À l'hôtel bien au chaud dans mon lit douillet, je passe un temps infini à modifier la suite du voyage. Il est temps de passer à autre chose.
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Acri |
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lago di Cecita |
21 mai : Taverna
Après une nuit au chaud à écouter la pluie tomber sur les toits, mais oui, c'est le moment de repartir. Pas de changement pour cette étape. J'avais bien vu sur la carte qu'il n'y aurait pas de village pour faire les courses. Soixante-dix kilomètres de forêt et de champs avec quelques fermes isolées et de vagues hameaux, entre 1200 et 1500m d'altitude. Ça ne fait que monter et descendre.
J'ai fait un maximum de provisions et tout ça s'entasse sur les bagages, en plus du linge qui sèche, en une pyramide inélégante, qui s'écroule régulièrement.
J'ai trouvé un lieu de bivouac absolument magnifique à coté d'une vieille tour médiévale sur une arête, avec vue... sur la mer, très loin.
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lago Arvo |
22 mai : Catanzaro Lido
Même pas eu froid cette nuit, malgré l'altitude. Je m'étais donné de la peine pour trouver un endroit abrité du vent. Une bonne grosse pause café tout de suite au village de Taverna. La première crevaison ! Et ce n'était même pas une épine (que j'aurais bien méritée), mais un défaut de la chambre à air. Comme chaque fois, l'arrivée près d'une grande ville est déroutante pour un européen du nord. La gestion des détritus est... déconcertante. Bref c'est de nouveau très sale.
La circulation est importante, personne n'a vu de vélo en vrai ici depuis au moins l'époque des Romains, pour autant je ne me sens jamais en danger. Pas le moindre refus de priorité, même dans les gros giratoires.
J'arrive assez tôt, je me pose sur le bord de mer pour attendre l'heure du "check-in". Enfin une journée où je fais autre chose que appuyer sur des pédales.
Après la douche je vais à la gare pour acheter mon billet pour aller à Reggio puis à Messine demain. Horreur : "domani è lo sciopero". La grève des trains 😲. La guichetière fait tout ce qu'elle peut. En fait elle n'a aucune information fiable. Peut-être le train de 5h30, mais pas certain qu'il prenne les vélos... et combien même, aucune information sur le passage entre Reggio et Messine avec un vélo. Ça commence à faire beaucoup d'incertitudes. Je fais chauffer le téléphone pour trouver des solutions, rien de clair...
L'envie de tout arrêter et de rentrer commence à montrer le bout de son nez, mais techniquement ce n'est pas si facile.. L'heure de manger arrive, et la pizzeria où je suis a de la Kwak à la pression 🍺🥳. Bon, la Kwak c'est pas de la bière italienne, il ne faut pas en boire deux, pourtant c'est bien ce que je fais.
Finalement j'ai un plan pour demain : je tente le train de 5h30, le seul susceptible d'exister, sinon je reste un jour de plus ici, un de moins à Messine.
Mais je prends conscience que quand je ne pédale pas, je passe tout mon temps à régler des problèmes sur le téléphone...
23 mai : Reggio di Calabria, Messina
Finalement le miracle a eu lieu. Il y avait bien un train à 5h30. Pas sur le quai indiqué, j'ai porté le vélo complet dans les escaliers. S'il avait fait beau, j'aurais pu voir l'Etna depuis le train, parce bien sûr le vrai mauvais temps est revenu 😖. À 8h j'étais à Reggio Calabria. Là j'apprends que les ferrys qui acceptent les vélos partent de Villa San Giovanni, à 15km. Je m'en doutais un peu, et j'ai tout mon temps. Sauf que je me fais attraper par une bonne grosse pluie, que je tourne 30 minutes dans la zone portuaire pour trouver le bon embarcadère. L'arrivée à Messine m'a rappelé l'arrivée à Bergen il y a 3 ans, sous des trombes d'eau. Il fait quand même beaucoup moins froid.
Je suis resté plusieurs heures à attendre le moment du "check-in" de l'hôtel. Ces moments de flou dans des villes inconnues ne sont pas désagréables.
Un petit tour ensoleillé en fin d'après-midi dans la ville.